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10 décembre 2017 7 10 /12 /décembre /2017 12:48

 

Reprenons. Il y a trois ans, j’avais commencé à parler d’une sélection de films de Noël. Il n’est jamais trop tard pour s’y remettre. Le premier film était RARE EXPORTS, le second sera donc 3615 CODE PERE NOEL et le troisième sera … surprise. ;-)
 

Résumé

Un jeune garçon se retrouve nez à nez avec un psychopathe déguisé en père-noël. Quand le monde de l'enfance rencontre celui de l'horreur...

 

Vous l’aurez compris à la lecture du résumé que la magie de Noel va se transformer en cauchemar.

Je vais vous parler un petit peu  de ma découverte de ce film tout en profitant pour surfer sur l’actualité comme l’opportuniste que je suis.

Désireux de connaitre des films inédits et français, j’avais entendu parler de 3615 Code Père Noel via les réseaux sociaux il y a six ans. A l’époque et peu après, je me disais que le film aurait pu être programmé via des séances spéciales comme Panic Cinéma. Il y avait même eu Baxter qui avait été diffusé. Le film de René Manzor était disponible en VHS en France mais n’était jamais sorti en dvd / Blu-ray. Pour nos voisins européens, un dvd espagnol et italien sont sortis il y a quelques années respectivement sous le titre « Game Over se acabó el juego » et « Un Minuto a Mezanotte ». Mais ces éditions n’étaient pas top au niveau image et son si l’on en croit les commentaires sur des sites de vente. Il est drôle de voir que les titres du film différent selon les pays : pour le Pérou « Las Fantasías Del Pequeño Rambo », « Film De Jogo » au Brésil, « Game Over » ou « Dial Code Santa Claus » dans le monde. A confirmer mais une affiche avec le titre « 36-15 Hide and Freak » est sortie mais je me demande pour quel pays d’autant que le film fût distribué par la Cannon. Pour le marché allemand, le film s’intitule « Deadly Games Stille Nacht / Tödliche Nacht ». Pour ce pays le blu-ray vient de sortir et on ne peut que se réjouir que la France sorte aussi un combo DVD / blu-ray rendant enfin justice au film et donnant une très belle édition qui sortira juste avant Noêl chez l’éditeur Le Chat qui fume.

Lorsque j’ai découvert le film je ne m’attendais pas à un film aussi travaillé sur l’image et le son qui par moment m’a rappelé l’esthétique de l’époque avec la musique pop et rock présente, l’usage du ralenti et de la fumée. Ce qui pouvait détonner dans le cinéma français de cette fin des années 80. Ce parti pris esthétique réussi n’est pas sans rappeler celui de Tony Scott sur Les Prédateurs. On avait aussi dans 3615 Code Père Noël une lumière bleutée par moment et de plans en clair-obscur. Finissons pour les comparaisons car le film de René Manzor n’a pas à rougir de ses homologues anglo-saxons et le film pourra se raconter de manière visuelle. René Manzor a construit patiemment sa carrière en commençant à faire des courts-métrages d’animation. Se faisant connaître, une productrice de Gaumont lui demandera de réaliser un court métrage tourné en prises de vues réelles qui serait proposé avec le film « Fanny et Alexandra » pour rallonger la séance. Le réalisateur s’exécutera et sortira « Le suicide de Frank Einstein ». Cette expérience sera une réussite.

« En travaillant sur le plateau je me suis rendu compte des points communs qui existaient entre le cinéma et le dessin animé. Il y avait un scénario, un découpage à préparer avant le tournage, des cadrages, des mouvements d’appareil. Et l’on pouvait modifier la réalité tout autant que l’Animation. L’avantage était qu’on pouvait le faire en direct. »

Peu après René Manzor écrivit un scénario pour son futur film. Ce qui lui permettrait de passer au long-métrage. Devant convaincre les décideurs, il choisit de faire promo reel d’animation de 10 minutes pour vendre le film et montrait de quoi il était capable. Il faudra attendre six ans avant que le film ne trouve un producteur. Ce sera Alain Delon et sa société de production qui produiront le film « Le Passage ». Gros succès au box-office français et carton aussi pour la chanson du film « On se retrouvera » interprété par le frère de René Manzor: Francis Lalanne
Il faudra attendre trois ans pour voir le prochain film. Trois années ou le réalisateur travaillera pour la société Eurocitel à monter des bandes annonces.

 

 

« C’était une très bonne école, les bandes annonces. Quand on cherche désespérément des plans permettant de vendre un film, ça encourage à en tourner quand on a de la chance, plus tard de réaliser. Et cela a sans doute été pour beaucoup dans le bon en avant technique que j’ai fait entre mes deux premiers films. Je ne tournais pas, mais au moins je maniais des images. » précise le réalisateur. »

La patience finira par payer. Le film trouvant un financement mais le tournage allait être différent du film précédent :

« Avec Francis, on avait une société de production qui avait coproduit Le Passage. On s’est servi du fonds de soutien conséquent qu’avait généré le succès du film pour le produire. Mais il fallait faire un film pas cher, faisant peu ou pas appel à des déplacements, à très peu de tournage de nuit, voir un huit clos. Mon goût pour le fantastique et pour le monde de l’enfance m’a amené à situer l’action durant la nuit de Noël. Je suis parti d’une situation simple : un quiproquo dramatique. Une mère qui dit à son fils pour éviter qu’il ne veille : « il ne faut pas chercher à voir le Père Noël, sinon il se transforme en ogre. » Les conséquences de ce pieux mensonge vont être terribles car, tout au long du film, l’enfant est persuadé que tout ce qui lui arrive est de sa faute. Le scénario, lui, est construit sous le principe de la complication. La situation de départ, simple, se complique de plus en plus. Pour s’en sortir, les deux duellistes doivent faire évoluer l’histoire. Et plus elle évolue, plus j’interviens en tant qu’auteur pour leur mettre des bâtons dans les roues. Un jeu du chat et de la souris s’établit entre mes personnages et moi. Plus les héros essaient de se sortir de la situation dans laquelle je les ai plongés, plus ils s’y enfoncent comme dans des sables mouvant. »

Pour ce film, René Manzor fera appel à nouveau à son fils pour l’un des rôles du film (Alain Musy) qui avait joué dans Le Passage ainsi que Francis et Jean-Félix Lalane, respectivement pour la production et la musique. Une affaire de famille. Le tournage aura lieu en grande partie en studio pour des raisons pratiques. Mais il y aura des extérieurs tournés à Paris, au château d’Us. Ce qui frappe c’est le gigantisme des décors et leu soin particulier. Ainsi, on reconnaît chaque pièce, qui est filmée à hauteur d’enfant. D’ailleurs le château passera du terrain de jeu géant à un jeu de massacre.

« Les scènes d’extérieur jour ont été tournées au château d’Us. Les scènes d’intérieur et d’extérieur nuit dans les hangars d’Arpajon qui n’étaient pas encore de vrais studios. C’était en bord de voie de chemin de fer et il fallait qu’on s’arrête de tourner dès qu’un train passait. Mais l’aspect plastique du film est essentiellement dû à deux artistes : Eric Moulard, chef décorateur qui avait débuté sur les décors de Notre Dame de Paris de Jean Delannoy et Pal Guylay, le magicien de la lumière avec qui j’ai fait tous mes longs par la suite. Le budget n’était pas très important par rapport à l’ambition du projet, il a donc fallu ruser. Tous nos décors étaient transformables : la salle à manger pouvait être transformée en chambre, la buanderie en garage, etc. Mais c’était le même bois qu’on réutilisait. Lorsqu’on terminait de tourner une scène en studio, le temps que le décor soit transformé, on partait filmer une scène en extérieur. Contrairement à ce que l’on croit, tourner en studio ne coûte pas forcément plus cher. Cela peut même être une source d’économie dans la mesure où l’on ne déplace plus et qu’on ne tourne plus de nuit. A condition, bien entendu, que le metteur en scène n’arrive pas sur le plateau en se demandant ce qu’il va faire. Mon film était entièrement préparé et storyboardé. Le storyboard – déformation professionnelle chez moi héritée du dessin animé – est un formidable outil sur le tournage. Ce n’est pas une bible à appliquer à la lettre. C’est une autoroute dont on peut se servir à tout moment si une meilleure idée se présente. »

René Manzor demandera à son équipe de construire une maquette du château pour le plan qui survole ce dernier. Dans la réalité, il aurait difficile de faire ce genre de plan à l’époque. Ce plan d’ailleurs rajoute un côté artisanal bienvenue et montre la grandeur du château même si je trouve la maquette un peu visible.

« Il vaut mieux parfois construire une maquette plutôt que d’avoir à éclairer un château de nuit. Je parle d’une époque où le numérique n’existait pas. On tournait en 35 mm et, pour éclairer un château, il fallait l’attaquer avec une batterie de grosses sources, des 20 kilos, des arcs… Avec les caméras d’aujourd’hui, vous allumez votre briquet et votre lumière est faite [rires]. Donc on a construit une maquette du château d’Us au 1/30e qui mesurait un mètre quatre-vingts de haut  pour trois de large. La neige sur les toits était du sel et celle qui tombait des pelures de polystyrène. Et ce plan d’hélicoptère au-dessus du château a été filmé avec la SuperTechnocrane (grue télescopique) qui nous a permis de survoler les toits de la maquette. »

 

 

Pour les acteurs, René Manzor demandera à Brigitte Fossey de jouer la mère, Louis Ducreux le grand-père, François-Eric Gendron l’associé de Julie et Patrick Floersheim pour le rôle du Père Noël. Pour ce dernier, le réalisateur aura vu juste puisque le comédien plus connu pour son travail dans le doublage aura un rôle de psychopathe suscitant autant l’empathie que le dégoût.

« Patrick Florsheim est une star du doublage.[…] On s’est rencontré lors de l’enregistrement de la version anglaise du Passage. Etant parfaitement bilingue, Patrick était la voix anglais d’Alain Delon. En travaillant avec lui sur le doublage, j’ai été exposé à l’étendue de sa palette de comédien. On oublie souvent à quel point les acteurs qui prêtent leur voix aux vedettes américaines sont des pointures. Très vite, j’ai eu envie d’utiliser chez Patrick, non pas sa voix, mais son physique. De mettre en évidence son talent de comédien privé de ce qu’il utilisait le plus : sa voix. Un rôle pratiquement muet où il n’existerait que par sa présence. La première demi-heure de 36.15 est dialoguée, car on doit mettre en place l’intrigue, mais à partir du moment où le Père Noël pénètre  dans la maison, le film tourne au survival. On retourne même à l’essence du cinéma muet, la puissance évocatrice des images. »

 

 

3615 Code Père Noël s’attache à montrer le puissant imaginaire d’un enfant qui croit en son monde et croit dans celui des adultes. Thomas est un enfant intelligent mais qui reste un enfant. C’est d’ailleurs la première intrusion du Père Noël dans la maison et ce qu’il fait au pauvre chien qui va surprendre et traumatisé Thomas. Ce dernier, va d’abord se cacher et protéger son grand-père mais pour ensuite contre attaquer en semant des pièges mais aussi en construisant des armes à partir de jouets. Il est intéressant de voir que le début du film ou l’on voit Thomas dormir dans un cockpit avec JR le chien, puis jouait à la guerre après va être vrai après l’intrusion du père Noël. Il reprendra son costume de guerrier pour le final. C’est assez marrant de voir que lorsque Thomas prépare son costume au début du film, toute l’iconisation des gros bras de l’époque se retrouve. C’est un passage presque parodique qui n’est pas sans rappeler celui ou Schwarzy, Sly et consorts se préparaient au combat (musique rock puissante, gros plans sur les armes et le corps). Thomas croit en lui et va passer du petit garçon en pyjamas au guerrier badass. A controrio, cette confiance en soi sera mise à rude épreuve par le Père Noël d’abord perdu dans le château mais qui prendra le dessus par moment. Oui, on est presque dans un match de boxe. L’usage de la technologie sera à la fois une bénédiction mais une malédiction pour Thomas. Tout d’abord, c’est via le minitel que les deux personnages principaux se rencontrent alors que Thomas croit parler au Père Noël en toute sécurité. Puis, il y a les multiples caméras de surveillance probablement installées par Thomas qui lui seront d’une grande aide au début surtout quand il les fera fonctionner avec son « brassard-vidéo » (version miniature des centres de surveillance). Il y aura aussi une utilisation du fax et du téléphone aussi ainsi qu’un marqueur comme un GPS. Le minitel rappellera des souvenirs à certains et certaines mais le film pourrait même faire l’objet d’une nouvelle version incluant les technologies les plus récentes comme le smartphone et les sites de rencontre par exemple.

Le film terminé, 3615 Code Père Noêl ne connaitra pas le succès public et critique du Passage. D’autant que la BA citera le dernier film de René Manzor avec le même acteur doubleur qui fera la narration : Marc de Georgi.

« Hélas, la sortie de 36.15 était plus une sortie technique, ce qui était courant à l’époque : le distributeur faisait les frais d’une affiche, sortait le film une semaine dans quelques salles à Paris et obtenait ainsi le label « cinéma » qui lui permettrait de le vendre plus cher à la télévision. Mais, lors du marché du film à Cannes en 1989, il a fait trois fois plus de ventes à l’étranger que Le Passage. Ça a été un succès en vidéo, et il s’est retrouvé en tête des ventes et locations pendant six mois ! Et j’ai eu un gros coup de chance : le film a été choisi pour faire l’ouverture du festival d’Avoriaz 1990. C’est ainsi que je me suis retrouvé à ouvrir la grand-messe du Fantastique, sans distributeur, mais avec, à la clé, une standing-ovation lancée par Roman Polanski, Wes Craven et Ray Bradbury. »

« Lors du Marché du Film à Cannes en mai 1989 où 36.15 était projeté, une productrice américaine m’a approché pour en faire un remake. Un an plus tard, les choses se sont concrétisées et je suis parti aux Etats-Unis afin d’aider à vendre le film. Mais un évènement a contrarié la vente : en novembre 1990, sortait Home Alone [Maman, j’ai raté l’avion]. A Hollywood, personne n’était dupe et quand je rencontrais les dirigeants des studios, ils appelaient le film de Colombus « the screwball version of Père Noël » [la version burlesque de 36.15]. Mais, très bizarrement, c’est ce qui a lancé ma carrière là-bas, car le film-plagiat a rencontré un énorme succès mondial. »

J'ai écrit 3615 code Père Noël en 1987, tourné en 88 et projeté à Cannes en mai 89. Sa sortie a été sans cesse retardée en raison de la frilosité des distributeurs https://www.facebook.com/images/emoji.php/v9/f24/1.5/16/1f641.png:( Il n'a eu droit qu'à une sortie technique en janvier 1990, grâce à Lionel Chouchan et à son Festival international du film fantastique d'Avoriaz dont il a fait l'ouverture. Et ce, pendant que son plagiat (?) hommage (?) parodie (?) "Home Alone" ("Maman j'ai raté l'avion") sorti en novembre 1990 aux Etats-Unis, soit un an et demi après notre projo à Cannes, était un carton planétaire. Cherchez l'erreur... »

 

 

A cause de cette sortie technique, 3615 ne connaitra pas le succès qu’il aurait mérité. Il deviendra un film culte et souffrira de la comparaison avec le comique-cartoonesque Home Alone : cruel. Il faudra attendre plusieurs années pour que le film grâce à la vidéo et je dois dire aussi le piratage sur des versions limites regardables ainsi que la passion d’éditeurs vidéos indépendants pour que le film retrouve un second souffle et soit proposé en blu-ray et aussi ce jour au PIFFF pour une séance culte. Les magnifiques décors (les magnifiques, la BO excellente, l’interprétation excellente d’Alain Musy et du regretté Patrick Florsheim en font un film plus que recommandable et un film de Noël mélangeant le cauchemar et l’imaginaire. La fin est dure aussi et conclue bien la citation du début de Bruno Bettelheim.

 Merci René Manzor pour votre passion. Il me tarde de revoir ce film sur grand écran et pourquoi pas vous saluer. J

 

SourcesExtrait du portrait-carrière de René Manzor paru dans L’ECRAN FANTASTIQUE de février 2015 /  Interview de René Manzor dans l'Ecran Fantastique de janvier 1990 / imdb

Je conseille l'excellent site web de René Manzor. On y trouve les interviews citées ci-dessus ainsi que plein d'informations sur les films du réalisateur et romancier. :-)

 http://www.renemanzor.com

 

Liens Présentation de la ressortie par René Manzor :

https://www.youtube.com/watch?v=zKyxn2PfXig

 

Clip Merry Christmas par Bonnie Tyler (chanson présente dans le générique de fin du film)

https://www.youtube.com/watch?v=aHYB7N-vbWM

 

BA

https://www.youtube.com/watch?v=d53O5Nq1xps

 

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commentaires

S
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M
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