Ce second volet de la tétralogie du monstre se démarque de 1er volet réalisé par Ridley Scott. James Cameron impose son style dans cette suite différente du 1er sur plusieurs points. Il se démarque par une confrontation plus directe entre les humains et les aliens ; il rajoute aussi plus d’éléments sur les aliens (présence d’une reine). Le 1er est un film effrayant (on a les chocottes) comme le JAWS de S. Spielberg : on sursaute. ALIENS se révèle plus bourrin mais très stressant. Le 1er révélant Ellen Ripley comme une femme forte ne se laissant pas faire. Le 2ème la verra s’imposait en action woman avec un instinct maternelle aussi puissant que son ennemi.
Résumé
Ellen Ripley (Sigourney Weaver) a détruit le vaisseau commercial Nostromo et sa cargaison pour tuer l'Alien. Sa navette de secours est récupérée 57 ans plus tard et Ripley est rapatriée sur une station orbitale. Lorsqu'elle tente d'expliquer ce qui s'est passé un demi-siècle auparavant à bord du Nostromo, personne ne la croit et elle apprend du même coup que la planète LV426 a été colonisée depuis.
Quelques temps plus tard, la colonie ne donne plus de signe d'activité et la Compagnie décide d'envoyer une mission de Marines pour enquêter ; Ripley les accompagne. Arrivés là bas, la colonie semble complètement vide, il n’y a plus aucune trace de vie.
Apprêtez Armes !
ALIEN de R. Scott avait rapporté 60 millions de $ pour un budget de 11 millions. Les producteurs dont Walter Hill et David Giler détenteurs des droits envisagent une suite à ce film. Les 2 hommes occupés sur plusieurs projets de réalisation et de scénario laisseront mûrir quelques années le projet. Finalement ils décident de faire confiance à un jeune qui en a : James Cameron. Ce réal qui a étudié la physique à l’université occupera plusieurs postes comme machiniste et conducteur de camion. Ce passionné de cinéma réalisera son rêve en mettant en scène son premier film XENOGENIS qui sortira en 1978. Pendant le tournage il occupera plusieurs fonctions dont superviseur des effets spéciaux, maquettistes et directeur de la photographie… C’est grâce à ce film qu’il se fera connaître par Roger Corman qui lui financera quelques films dont PIRANHA 2 sorti en 1981.
Cette expérience l’encouragera à écrire TERMINATOR dont il occupe le poste de réalisateur. Mais il faudra attendre 3 ans pour que le film sorte. Le résultat un très bon film d’action, des répliques inoubliables et surtout un méchant indestructible qui confirmera le statut d’Arnold après CONAN LE BARBARE. Ce film qui a rapporté beaucoup d’argent et reçu plusieurs prix permettra aux producteurs de voir que le réal peut faire d’excellents films à petit budget qui peuvent rapporter gros.
Le réal est donc contacté par la Fox qui auparavant avait lu le script de J. Cameron pour RAMBO 2. Belliqueux le réal ? Quoiqu’il en soit il imposera son histoire (co-écrit par D. Giler et W. Hill) et son script. Les producteurs et la Fox imposeront le lieu de tournage : l’Angleterre.
En joue !
Avec un budget confortable 18, 5 millions $, James Cameron entame la pré production du film. Compte tenu de son scénario qui requiert beaucoup d’études pour les décors, les costumes et maquillages, … il contacte Stan Winston avec qui il avait collaboré sur TERMINATOR. Le superviseur des FX commence donc en collaboration avec le production designer Peter Lamont (superbes décors de plusieurs 007) à faire des recherches. Ils s’entourent de directeur artistique, de maquilleurs, de costumiers… Au terme de cette longue phase ces artistes offriront au réal sa vision du script pour un résultat bluffant (le complexe de LV426, les couloirs, les aliens bondissants et agiles, les armes, les uniformes et bien sûr la reine. Les tests assez concluants (surtout pour la reine). Les équipes du Stan Winston Studio envoient leur travaux en Angleterre. C’est là que commenceront els problèmes. Au cour du tournages de nombreux techniciens britanniques devront faire face aux exigences artistiques du réal. Un clash aura lieu pour le directeur de la photographie Dick Bush. Au bout d’un mois de tournage J. Cameron le vira. Il voulut le remplacer par Derek Vanlin ; responsable photo sur ALIEN. Manque de pot ce dernier refusa mais lui conseilla d’engager Adrian Biddle qui réalisa un magnifique travail sur ce film. Autre problème épineux est le personnage de Hicks interprété par Michael Biehn. A l’origine ce devait être James Remar (le Ganz dans 48 HEURES et une gueule) mais en raison de différents artistiques l’acteur fût remplacé par Biehn.
Au niveau casting J. Cameron fit appel à 3 acteurs fidèles : Lance Henricksen, Michael Biehn et Bill Paxton. Il demandera aux acteurs jouant des marines de lire le roman de R. Heinlein Starship Troopers. A ce devoir scolaire s’ajoute un entraînement intensif de 2 semaines auprès d’un responsable des SAS (unité anti-terrorisme britannique) pour un résultat comparable à PLATOON.
Feu !
James Cameron se différencie de l’angoissant film de R. Scott en privilégiant les scènes d’assaut et de batailles. Le hic de l’histoire était de trouver une bonne raison pour Ripley de retourner sur la planète LV 426 sans paraître balourd.
Il s’explique : « Du point de vue de l’histoire, comment pourrait réagir le public au personnage s’il s’expose de nouveau inutilement au danger, alors que toute personne dotée de bon sens n’y retournerait pas pour affronter cet alien si elle avait le choix. D’une part on lui offre une mission, mais ce n’est pas une raison suffisante. On lui propose aussi de la protéger, ça compte des Marines partiront avec elle. Donc elle se sent relativement en sécurité. Mais, la vraie raison est purgative et psychologique. »
En fait la présentation longue de Ripley permet de bien situer la situation dans laquelle elle se trouve. Seul survivante avec Jonesy le chat, elle a dérivé pendant 57 ans dans l’espace et elle est très marqué par ce qui s’est passé à bord du Nostromo.
« Ainsi Ripley a survécu la première fois mais pas mentalement. Elle est très atteiente psychologiquement. » Ses seuls réconforts sont avec le chat. Ce que décrit bien le film pendant la première heure c’est l’état de Ripley. Elle fait des cauchemars et se réveille en sueur. Une des séquences du cauchemar brillament introduit nous montre Ripley sur un lit d’hôpital peu après son sauvetage. Le réal met en place cette séquence comme si elle était vrai : un alien sort de son ventre. Ce traumatisme provenant de la contamination de Cane dans le 1er film reviendra plus tard dans le film quand la même chose apparaîtra sur une femme colon. La vision de cet alien angoissera Ripley (elle est choquée et nerveuse). Elle demandera à Hicks plus tard de la tuer si jamais elle est contaminée.
La perte des repères de Ripley s’explique aussi par le fait qu’elle a perdu sa fille. N’étant plus mère le personnage dégage une fragilité dans la première partie du film. Heureusement Ripley se reprendra en main quand elle trouvera Newt ; elle fera tout pour la protéger et la sauver. On pourrait même dire que Newt et Ripley sont très proches : elles ont perdu leur famille, font des cauchemars et ne représentent que la seule partie féminine du film. On sent qu’elles ont peur toutes les deux. La peur justement est présenté aussi par le personnage de Newt. J. Cameron introduit la notion des monstres utilisés pour faire peur aux enfants (ce que la mère de Newt lui a raconté mais la fille demande à Ripley si les monstre existent elle lui répond que oui). Puis après l’explosion de la 1ère navette la fille dit à Ripley : « Il faut rentrer parce qu’il sortent la nuit en général ». Cette peur enfantine on l’a tous connu je pense quand on n’osait pas s’endormir dans le noir et qu’on avait peur des bruits mystérieux. Le noir est aussi mis en place lorsque les marines ferment les volets du centre de commande (alors que la planète n’a pas de luminosité) et que les aliens coupent le courant. Enfin pour la relation Newt / Ripley les 2 persos se rapprochent peu à peu : Ripley se faisant appeler Maman à la fin.
Côté Marines on a le droit à un casting réjouissant d’hommes et de femmes belliqueux à l’humour moins foireux que le mien (génial Bill Paxton). De plus chaque marine a une personnalité propre à lui (vêtements et armes) et une fonction précise (opérateur radio, médecin, des tirailleurs, des soldats, un caporal, un sergent, un lieutenant et un androide). Tous semblent avoir un taux de testostérone élevé même Vasquez (garçon manqué) dont Hudson plaisante en lui demandant si on l’a déjà pris pour un homme. Le compositeur James Horner introduira les marines se préparant à l’assaut par un score évoquant les marches militaires.
Le réal se permet aussi un petit parallèle avec la guerre du Vietnam.
« La guerre du Vietnam relevait presque de la science-fiction car c’était la 1ère guerre technologique avancée, contre un ennemi dépourvu de cette technologie. » La navette qui débarque les marines ressemble curieusement à un hélicoptère dans ses mouvements mais surtout pour l’avant du véhicule. De plus les casques et la mission des marines pourrait rappeler certaines du Vietnam (débarquement en hélico dans une zone hostile).
La découverte et la sécurisation du périmètre est l’un des grands moments du film. Dès qu’ils pénètrent dans le bâtiment les marines s’aperçoivent que le complexe est silencieux. Là il faut dire que ces séquences sont particulièrement réussi au niveau sonore : il n’y aucun bruit hormis les détecteurs de mouvement (plus stressant que çà tu meurs). C’est à la 70ème minute du film que les choses sérieuses vont commencer quand les marines se feront attaquer dans l’antre de la Reine. Les aliens en hibernation sur les murs commencent à bouger et à foncer sur leur proies. Cette attaque est l’un des grands moments du film : très dynamique (plans courts et alternés avec des gros plans et des caméras à l’épaule) et accompagnée par une musique on ne peut plus stressante. Et là ça charcute à mort puisque les aliens sont très nombreux. Même si le réal avoua qu’il n’avait utilisé que 6 aliens par plan l’intensité des fusillades nous donne une impression de grand nombre.
Un autre grand moment très stressant (plus pour la première vision) c’est quand les personnages sont regroupés tel un Alamo dans le laboratoire. Les aliens viennent de couper le courant. La lumière est rouge. Grâce aux détecteurs ils s’aperçoivent que les aliens s’approchent : rien de plus stressant que d’entendre Hudson (Bill Paxton) prononçait 8 m, 7 m, 6 m… Plus le film avance plus Ripley semble prendre les choses en main (salaud de Burke) du moins dans l’autorité. Courageuse et ne voulant pas perdre Newt elle s’arme puissamment pour aller secourir la fillette (superbe transition sonore quand la porte de l’ascenseur s’ouvre et que la musique s’efface pour laisser place à l’alarme)
Les 2 autres moments du film sont la rencontre avec la Reine dans le sous-sol (une découverte faîte en silence : Ripley se retourne et aperçoit la Reine). Une rencontre qui s’achevera par un combat à « mains nues » avec le mythique « ne la touche pas sale pute ».
Au final ALIENS de J. Cameron est un film qui se vit. C’est un film intensif avec beaucoup d’action mais aussi beaucoup de thèmes intéressants notamment sur la féminité (une femme fragile se révélant une combattante redoutable ; ce que l’on voit dans TERMINATOR 1 et 2). Le thème du rêve est quant à lui bien développé (le film commence et finit sur le sommeil de Ripley et aussi la demande de Newt avant qu’elle hiberne « On peut rêver maintenant ? »).
On voit aussi une très belle photographie gris bleutée, noir avec des obscurs puis rouge (y’a pas plus explicite, non ?)
A noter que le film reçut 2 oscars : meilleure bande son et meilleurs effets visuels.
Sources
Interview de J. Cameron (1ère édition sorti en 2000)
http://www.planete-alien.net/
http://www.imdb.com/
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